La Cité Frugès- Le Corbusier : d'un habitat ouvrier au patrimoine mondial
La Cité Frugès - Le Corbusier
Cette année, c’est autour de la Cité Frugès que tournera la saison culturelle d’Archimuse ! Cité ouvrière inaugurée en 1926, il s’agit d’une des toutes premières réalisations de Le Corbusier et de l’un des premiers exemples de l’Architecture Moderne. Son commanditaire, l’industriel bordelais sucrier Henry Frugès, souhaitait offrir à des personnes aux revenus limités la possibilité de devenir propriétaires de maisons au confort rarement atteint dans des logements ouvriers. Depuis 2016, la Cité est inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO au sein d’un corpus d'œuvres de Le Corbusier.
Paternalisme ou réponse sanitaire ? Les cités ouvrières émergent au XIXe siècle avec la Révolution Industrielle. Les populations rurales migrent vers les villes où se trouve le travail. En s’amassant dans les périphéries, cela engendre, en France et à travers l’Europe, d’importants problèmes d’habitat et d’insalubrité. Certains industriels décident alors de construire des logements pour leurs ouvriers. Ils assurent ainsi de meilleures conditions de vie tout en gardant un contrôle sur eux, comme le fait Henry Frugès à Pessac.
En juillet 2016, la Cité Frugès compte parmi les dix-sept réalisations architecturales transnationales, réparties sur sept pays, qui contribuent à l’inscription au Patrimoine mondial de l’UNESCO de l’œuvre architecturale de Le Corbusier – Une contribution exceptionnelle au Mouvement Moderne.
La Cité Frugès est reconnue comme une œuvre au caractère avant-gardiste singulier et remarquable pour son époque, tant par ses enjeux techniques et formels que sociaux et économiques.
Henry Frugès était un industriel bordelais spécialisé dans le sucre. Touche à tout, il était un grand passionné de peinture, de dessin, de musique, mais aussi d’architecture. S’il a commencé des études d'architecture, son père l’a rapidement rappelé auprès de lui pour prendre sa suite aux raffineries Frugès, lui confiant notamment la mission de loger les ouvriers de Lège où se trouvait l’usine de caisses en bois destinées au conditionnement du sucre. C’est dans le cadre de cette mission qu’Henry entre en contact avec Le Corbusier, architecte jusqu’alors presque inconnu. Par la suite il sera le commanditaire de la Cité Frugès à Pessac.
Dans notre imaginaire, l’habitat ouvrier est celui du taudis : des familles entières réunies dans une seule et même pièce non isolée et obscure, au sein de quartiers insalubres, ou entassés dans des bidonvilles en périphérie des métropoles. Cette réalité est celle des années 1920, marquées par les dégâts matériels de la guerre et une épidémie de tuberculose. En 1919, à Bordeaux, le maire et industriel Fernand Philippart met en place l’office municipal des Habitats Bons Marchés qui se donne pour mission la rénovation des logements ouvriers et la lutte contre l’insalubrité. La Cité Frugès en est un parfait exemple !e suis un paragraphe.
Différentes typologies de maisons
La Cité a été imaginée pour rassembler 7 types différents de maisons : zig-zag, quinconce, gratte-ciel, arcade, maison isolée et maisons jumelles et un dernier type dont l'unique exemplaire a été détruit pendant la Seconde Guerre mondiale.
Les maisons arcades représentent une série de 7 maisons à l'ouest du quartier. Ce sont deux habitations reliées par une arcade, elles sont composées de 4 pièces pour une surface de 81m² sur 2 niveaux.
Les maisons gratte-ciel sont deux maisons accolées dos à dos sur deux niveaux, avec un toit terrasse accessible via un escalier extérieur. Elles sont placées le long de l'axe principal face aux maisons quinconces.
Les maisons quinconces sont des maisons d'une surface de 75m² sur deux niveaux avec un jardin suspendu. Ce sont 5 habitations collées les unes aux autres et reliées entre elles par des terrasses.
Les maisons jumelles sont deux habitations qui se tournent le dos. Elles disposent d'un espace de 100m² avec une terrasse au premier étage et un escalier menant au toit-terrasse.
Les maisons zig-zag sont un regroupement de trois maisons accolées mais orientées différemment. On peut en voir une à l'entrée du quartier.
La maison isolée dite aussi maison Vrinat est un bâtiment sur deux niveaux avec un toit-terrasse accessible depuis un escalier extérieur.